vendredi 31 octobre 2008

les auteurs

Un Anglais tombé sous le charme de Platini



Darren Tulett est né en 1965 près de Brighton, sur la côte sud de l’Angleterre, d’où on peut, quand il fait très, très beau, entrevoir les falaises d’Étretat (c’est-à-dire à peu près une fois tous les dix ans). Sans vraiment savoir pourquoi, la France l’a toujours attiré. Cette histoire d’amour improbable a commencé avec l’équipe de France de football de la Coupe du monde 1982, ces beautiful losers injustement éliminés par l’Allemagne lors de la fameuse nuit de Séville, et qui se sont transformés en winners deux ans plus tard en remportant « l’Euro de Michel Platini ».
Le jeune Tulett s’est mis à fumer des cigarettes Disque Bleu (bad habit, ugh !), est allé voir Diva et Subway au cinéma et à regarder religieusement Sacha Distel sur la BBC. Lorsque Manon des Sources sort en 1986, c’en est presque trop pour notre homme. Tombé raide dingue d’Emmanuelle Béart, il se met en tête de rejoindre Paris dès la fin de ses études universitaires.
Trois ans plus tard, c’est chose faite. Il arrive dans la capitale française sans le sou ni toit, mais c’est un débrouillard : après avoir essuyé un refus dans un fast food, il décroche un emploi de professeur d’anglais. Il passe six ans à aider les bons citoyens français à apprendre la langue de Shakespeare, avant de trouver l’amour de sa vie au bord d’un terrain de foot, lors d’un match qu’il dispute au bois de Vincennes.
Sa petite Corse dans les bras, Tulett s’envole pour l’Angleterre – l’heure étant venue de passer à la vitesse supérieure –, où il réalise enfin son rêve de toujours : devenir journaliste. De Brighton à Londres, il exerce dans la presse écrite. Et de Londres à Paris, au bout de deux ans, avec la couverture de la Coupe du monde 1998. Cette fois, Tulett ne rentrera plus. Il est chez lui, maintenant, en France. C’est d’ailleurs dans ce beau pays que naissent ses deux filles adorées.
Et puis un jour qu’ils sont très avisés, les gens de Canal Plus font appel à lui pour animer la séquence anglaise de l’émission culte L’Équipe du Dimanche. C’est le début d’une belle aventure pour cet homme qui est devenu le plus français des Anglais. Qui aime votre beau pays. Et qui vous remercie de lui rendre si bien cet amour.


Un Français « marqué » par l’Angleterre

Je suis né le 3 juillet 1967, dans le coin le plus anglais de France : The French Riviera, plus connu sous le nom de Promenade des Anglais. À ce titre, l’Angleterre posait sa première empreinte sur ma destinée : je suis par cette naissance un petit bijou de la couronne de Sa Majesté !
De Nice, mes parents, « montèrent » à la capitale pour y faire le plus beau métier du monde : fleuriste. Sur le périphérique parisien, j’appris le plus beau sport du monde et donc le plus anglais : le rugby. L’Angleterre posait un jalon de plus sur mon chemin.
Quelques années plus tard, mes parents (toujours les mêmes) retrouvèrent le chemin du Sud et de la mer. À Nice je fis donc mes armes rugbystiques. Et quand j’écris « mes armes », je pèse mes mots tant le rugby du Sud-Est, niçois en particulier, se joue « à balles réelles »…
Puis – bon sang de nomade ne saurait mentir – je tirai une grande diagonale et partis à mon tour plein Ouest : Bordeaux, la ville d’Aliénor, cette ancienne épouse de Louis VII dont le mariage avec Henri II vaudra à la ville d’être placée pendant trois siècles sous tutelle du roi d’Angleterre ! Ainsi, à Bordeaux, je creuserai mon trou… en terre anglaise. Un retour aux sources en quelque sorte qui, tel celles du saumon, m’amena, avec l’aide de jolies autochtones, à donner naissance à quatre magnifiques enfants.
Mais même si cela m’occupa (et m’occupe encore) un temps certain, je ne fis pas que cela : des études de médecine, et aussi du rugby avec le club de Bègles. Apportant un peu de culture « sanguine » niçoise, je m’installai confortablement au sein d’une première ligne chaleureuse, conviviale et appréciée de tous pour son humour et sa finesse : les « Rapetous » de Bègles. Avec mes comparses de scène Vincent Moscato, Philippe Gimbert et Bernard Laporte – comme costumier –, nous eûmes un joli succès d’estime à travers un numéro désormais bien connu : la Tortue.
Puis la troupe des joyeux lurons de Bègles se dispersa… Et replanta son chapiteau à Paris quelque temps après. La capitale et la consécration, à nouveau, avec un titre en 1998, sous la baguette d’un impresario très rose : Max le Fou. Il créa autour de nous un haut lieu de la vie interlope parisienne, le Stade Français. Le temps déroulant ses outrages, je quittai la scène, non sans un dernier adieu, à travers une tournée mondiale qui déboucha sur deux ans de piges en… Angleterre.
Ces deux saisons passées à jouer pour Gloucester ont conforté le sentiment fort que j’éprouve pour l’Angleterre. Car, pour être franc, je lui voue une immense admiration. Ma passion pour le rugby, que ce pays a engendrée, n’est pas étrangère à mon attachement. Ce sport est la métaphore la plus authentique du savant mélange de cruauté et de raffinement extrême qu’est l’Angleterre. J’aime cette distance à la vie qui donne aux Anglais ce goût exquis pour l’absurde et la dérision. La meilleure définition de nos voisins d’Outre-Manche m’a été soufflée par un ami évidemment anglais… et rugbyman : « Un véritable Anglais est celui qui, pendant un naufrage, déclare : “Le bateau coule, certes, mais ai-je la bonne cravate ?” » J’aime ce sens acharné de l’inutile qui l’élève au sacré, cette conviction chevillée au corps que l’injustice la plus grande pour l’ensemble de la planète est… d’être isolé de l’Angleterre.
Ma première carrière a donc pris fin de l’autre côté de la Manche… La boucle était bouclée. J’étais né sur la Promenade des Anglais, je suis mort une première fois chez eux !
Puis il a fallu repartir. La médecine prenait justement son envol... dans le monde du sport. Un service spécialisé dans les difficultés psychologiques des sportifs me permettait de ne pas perdre le contact et d’avoir des psychiatres à portée pour s’occuper de mes propres turpitudes…
Et puis les années de scène avec la troupe des Rapetous me rattrapèrent et me jetèrent à nouveau dans le showbizz. Comme les autres, d’ailleurs, puisque l’incroyable Moscato devint acteur et animateur radio, et Bernard Laporte ministre. Je commençai donc une troisième carrière d’agitateur télé, radio et médias en tout genre. L’écriture me permit de me servir de mes mains autrement qu’en balançant des marrons.
Quatre enfants et quatre livres plus tard, je remets ça…
En tous les cas pour les livres… Et pour l’Angleterre, avec ce délicieux ouvrage.

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